Note sur la Cristallisation du Soufre

(Communiquée par M. Balard – 1848)

Antoine Jerome Balard
Antoine Jerome Balard

Le dimorphisme du soufre est un fait généralement connu. Il y a longtemps que M. Mitscherlich a détermina forme des cristaux naturels, déjà étudiée par Haüy, et celle des cristaux obtenus artificiellement par fusion ou par dissolution dans le sulfure de carbone. Les cristaux obtenus par la fusion du soufre sont des prismes obliques, à base rhombe, dont l’angle des pans est de 90˚,6’. M. Mitscherlich a toujours trouvé la forme primitive diversement modifiée et mâclée. Ces cristaux, limpides pendant quelque temps, deviennent bientôt opaques, et sont alors transformés en octaèdres droits à base rhombe. Quant aux cristaux naturels ou obtenus par la dissolution du soufre dans le sulfure de carbone, leur forme dominante est celle d’un octaèdre du prisme droit à base rhombe, diversement modifié en général.

On pensait que le soufre cristallisé à la température ordinaire dans le sulfure de carbone avait toujours cette forme des cristaux naturels, et jamais celle du soufre obtenu par fusion. J’ai l’honneur de présenter à l’Académie un échantillon de soufre cristallisé dans le sulfure de carbone par évaporation spontanée, à la température ordinaire, et sur lequel on voit les deux formes incompatibles du soufre. Les cristaux en prismes obliques à base rhombe offrent la forme primitive sans aucune modification. Ces cristaux, d’abord transparents et de couleur jaune pareille à celle des cristaux octaèdres, sont bientôt devenus opaques, friables et de couleur blanc paille aussi se distinguent-ils très facilement des cristaux octaèdres qui les entourent. J’ai examiné au microscope la poussière de ces cristaux, mais je n’ai pu y distinguer une forme cristalline déterminée.

Ainsi, le soufre peur cristalliser dans le sulfure de carbone avec la forme qu’il affecte lorsqu’il cristallise par fusion ; seulement, c’est alors la forme primitive sans modifications. Ce fait est assurément bien rare, rcar il n’a pas été signalé encore, bien que divers chimistes aient souvent répété l’expérience de M. Mitscherlich. J’ai moi-même obtenu plusieurs fois du soufre cristallisé dans le sulfure de carbone, et je ne l’avais pas encore observé. Quoi qu’il en soit, il paraîtra sans doute bien digne d’attention de voir une dissolution toujours identique à elle-me, a part les circonstances de sa concentration et les faibles variations de température que peut y apporter l’air extieur, donner lieu à des cristaux de formes tout à fait incompatibles.

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